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Kokou AGBAVON
Kokou AGBAVON

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Arrête d’être un·e junior·e

Cet article est une traduction d’un article originellement publié sous le nom de Stop being a junior par Kent C. Odds.

Es tu un·e développeur·se junior·e ? Si ta réponse est oui, comment tu sais ? Es ce que parce ton titre dans ton travail actuel c’est : Développeur·se Junior·e ? Ou bien est ce parce que tes collègues font le travail le plus intéressant et tu es souvent cantonné·e aux tâches les plus répétitives ou à résoudre les bugs les plus simples ? Ou simplement tu estimes que tu n’as pas encore assez rouler ta bosse pour pouvoir te débarrasser définitivement de l’appellation Junior·e ?

Peu importe ton positionnement actuel, j’aimerais te dire d’arrêter d’être un·e junior·e. Arrête maintenant. J’ai discuté avec beaucoup de personnes qui commence leur conversation avec moi en disant “Je viens juste de commencer…” ou “Je suis juste un·e junior·e_, …”; ce à quoi je réponds _“C’est génial. Bienvenue dans le monde du développement logiciel.”, pour après découvrir qu’elles travaillent comme développeur·se·s d’applications depuis plus d’un an et demi. C’est quelque chose qui me surprend. Et cela arrive si souvent que j’ai décidé d’écrire un article de blog sur comment se sortir de cet éternelle posture de junior·e et commencer par agir positivement pour sa carrière.

La tech évolue à une grande vitesse

C’est très important de prime abord de dire ceci :

Il n’y a aucune durée minimum que vous devez passer à être un·e développeur·se junior·e avant de pouvoir prétendre à passer ce cap.

Si vous avez déjà entendu ou lu un nombre d’années, sachez que c’est faux.

Une des choses que j’aime le plus dans notre industrie, c’est qu’elle évolue rapidement. Avec à chaque instant une émergence de nouvelles technologies et une amélioration constante de l’existant, cela ne prend pas beaucoup de temps à un·e développeur·se qui se maintient informé·e des avancements dans son domaine, d’atteindre un niveau de connaissance qui rivalise avec ses pair·e·s qui ont plusieurs décennies d’expérience.

Monter le Kilimandjaro

Imaginez que le développement logiciel ce soit une montée d'une colline avec un pourcentage de pente constant. Monter la colline depuis la base c'est avoir de l'expérience. Mais les nouveaux développeur·se·s ne commencent pas l'ascension par la base ; ils rejoignent les développeur·se·s expérimenté·e·s là où il·elle·s se trouvent actuellement. Ainsi il ne leur faut pas longtemps pour être dans le rythme ; peu importe depuis combien de temps les autres ont commencé la montée. Oui vous manquerez un peu d'expérience ; vous trébucherez un peu plus. Mais la nouvelle expérience vous l'acquérez ensemble. Mon analaogie n'est pas parfaite, mais je pense qu'elle est instructive.

Bien entendu, il faut reconnaître que les personnes avec des décennies d'expérience possèdent une longueur d'avance sur les autres ; il n'y a pas que des avantages, mais il y en a. Les personnes expérimentées apprennent mieux et plus rapidement les nouveaux outils, bien souvent parce que souvent c'est des anciennes choses que les nouvelles sont tirées (c'est au bout de l'ancienne corde qu'on tisse la nouvelle) ; bien que pas toujours, et être capable de désapprendre est également une aptitude à cultiver. Les développeur·se·s avec du vécu, repèrent plus facilement les problèmes potentiels dans le code, avant qu'ils ne soient critiques parce qu'il·elle·s compris au fil du temps comment les choses marchent dans cet écosystème, et qu'il·elle·s comprennent mieux les contraintes.

Cela dit, les développeur·se·s avec de l'expérience sont également plus réticent·e·s à essayer les nouveaux outils ou technologies, et à l'inverser être plus accroché·e·s à leur manière de faire les choses. La routine ou l'habitude de faire les choses d'une certaine manière peut les amener à faire l'impasse sur de nouvelles fonctionnalités dans les langages et outils. Cela peut leur faire rater la migration vers des changements majeurs dans l'écosystème.

Ce que j'essaie de dire ici c'est que le rythme effréné auquel les changements interviennent dans l'industrie du développement logiciel :

Donne à tout un chacun l'opportunité de devenir un·e expert·e dans certaines technologies assez rapidement.

Et si cette personne est capable de tempérer raisonnablement son enthousiasme avec une compréhension pragmatique des avantages de son manque d'expérience, elle peut avoir un puissant impact dans son travail.

Mon expérience personnelle

Pendant mes études à l’université je faisais des stages en entreprise. Cela m’a permis d’appréhender le domaine dans lequel j’allais évoluer avant même d’être en capacité d’y travailler à plein temps. Donc lorsque j’ai obtenu mes diplômes, j’avais déjà pendant plus d’une année et demi, travaillé comme développeur d’applications à mi temps.

Après l’obtention de mon diplôme, j’ai été embauché en tant qu'ingénieur logiciel en plein temps. Dans mon entreprise, j’avais du mal à me départir de mon statut de junior. Malgré que le fait que toute mon expérience se résumait à ces 18 mois, où je travaillais à mi temps tout en continuant mes études, j’avais l’impression de connaître aussi bien notre architecture logicielle que mes collègues, et cela me semblait injuste d’être cantonné à faire les tâches les moins prioritaires.

Je voyais les tâches avec un challenge architecturelle élevée confié aux développeur·se·s expérimenté·e·s et je voulais également pouvoir être en charge de quelques unes. Toutefois, vu que j’étais encore en période de transition d’étudiant stagiaire à employé à plein temps, j’avais le sentiment que tout le monde me considérait dans l’entreprise d’une certaine façon un peu comme le stagiaire.

Peut être que j’aurais dû énoncé un peu plus clairement mes objectifs et ambitions, mais à ce moment j’ai décidé que la seule voix pour avoir plus de responsabilités était de changer de compagnie ; une compagnie où les gens ne me verraient pas comme le stagiaire, mais juste comme un collègue.

Et c’est ce que j’ai fait. 4 mois après être passé en plein temps, j’ai été recruté par une autre compagnie qui m’offrait une revalorisation salariale (plus de 50%) et 20% de mon temps, je travaillais sur l’architecture de notre code source. C’était indescriptible. Personne ne me voyait plus comme un stagiaire. Dans les faits, j’étais à un cheveu de devenir architecte logiciel dans une entreprise valorisée à plus de 250 millions de dollars, et cela seulement 4 mois après mon diplôme universitaire.

Cela a été un pari gagnant pour eux également. Quand j’ai rejoint la société, elle était engagée dans une migration majeure de leur outil de développement pour le frontend. J’ai joué un rôle clé dans cette migration et c’était à la fin un succès retentissant.

Comment arrêter d’être un·e junior·e ?

Au lieu de réfléchir à comment arrêter d’être quelque chose, pense plutôt à comment faire pour commencer à être quelque chose d’autre.

Que font les développeurs seniors dans ton entreprise ? Fais ça au lieu de faire ce que les développeurs juniors font. Et voilà.

Il est évident que ton entreprise fais plus confiance aux seniors et tu n’as pas envie d’outrepasser tes prérogatives ; mais sois volontaire pour prendre part dans la résolution des tâches plus complexes. Ne serait qu’en demandant à prendre part aux réunions. Prends des notes des zones d’incompréhensions, et pose des questions plus tard. Dans les prochaines réunions, tu pourras contribuer plus activement, et apporter des suggestions. Continues de travailler sur les sujets évoqués dans les réunions à la fin de celles ci.

Évite d’être autoritaire ou impétueux. Vous pouvez acquérir beaucoup de connaissances rapidement, mais soyez conscient qu'acquérir de l’expérience limite l’utilité de ces connaissances. Donc sois respectueux de tes collègues. Trouves les personnes qui accepteront de prendre le temps de répondre à tes questions, et qui te permettront de combler le gap de ton inexpérience à mesure que tu gagnes en compétence.

Utilise à ton avantage le rythme effréné de renouvellement de l’écosystème de la tech et fais toi le porte voix des nouvelles fonctionnalités dans les langages et outils de développement lors des échanges entre toi et tes collègues, quand le cadre s’y prête. Si aucun cadre n’est prévu pour échanger autour de la tech avec tes collègues, sois en l’initiateur.

Sois volontaire pour animer des sessions de Talk lors des rencontres organisées dans les communautés locales de développeurs. Propose toi pour parler des sujets qui te passionnent lors des conférences.

Parle de tes accomplissements, des tâches auxquelles tu as participé et décris quelle était ta contribution ; cela prouvera que tu contribues au delà de ta sphère de simple junior·e. Fais leur penser : “Ce dev est seulement un·e junior·e_, et il_·elle fait ça ? C’est peut-être pas un·e junior·e après tout.”

Fais comprendre à ton manager tes ambitions, tes objectifs et tes attentes en tant que développeur·se. Tu dois exposer clairement et assez tôt à ton·ta responsable, tes objectifs et ton souhait de monter en grade. Il·elle pourra à son tour exprimer les attentes qu’il·elle a envers toi, afin d’être en mesure de te promouvoir à ce rôle.

Continue, jusqu’à atteindre ton objectif

Je n’aime pas la phrase “Fais semblant, jusqu’à ce que cela ne devienne réel.”, mais le résultat recherché y es. L’idée est d’agir au niveau où vous souhaitez être considéré·e, et éventuellement cela deviendra évident que vous êtes réellement à ce niveau.

J’ai senti que je devais quitter l’entreprise avec laquelle j’étais pour atteindre le niveau auquel j’aspirais. J’aurais probablement pu y arriver avec l’entreprise dans laquelle j’étais déjà, si j’avais été plus patient. L’expérience y aurait été différente sûrement si je n’avais pas d’abord été recruté comme étudiant stagiaire. Ceci dit, parfois, si vous ne pouvez tout simplement pas enlever le costume de junior·e là où vous êtes actuellement, vous devez envisager de chercher une autre opportunité.

Conclusion

J’espère que cet article ne dénigre pas la quantité de travail que cela demande de gagner de l’expérience et d’avoir de l’impact dans cet industrie. Pour autant, mon objectif principal est d’inspirer mes compaires à élever leurs ambitions et leurs exigences. Vous êtes capable de plus que vous ne pensez. Je vous le promet.

Vous n’avez plus besoin d’être un·e junior·e. C’est le moment de monter en grade.

Bonne chance.

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